Après 42,195 km de parcours, votre organisme, mis à rude épreuve, a besoin de temps pour se régénérer. La récupération après marathon n’est pas une option : elle est essentielle pour apaiser les courbatures, recharger vos réserves et préparer un retour à l’entraînement en toute sécurité ! Découvrez comment structurer cette étape clé pour repartir plus fort.
Pourquoi la récupération après un marathon est-elle essentielle ?
Un effort qui laisse des traces : douleurs, fatigue, inflammation
Pendant le marathon, vos fibres musculaires subissent des micro-lésions, et vos réserves de glycogène sont fortement sollicitées. C’est pourquoi à la fin de la course, vous ressentez une fatigue intense et une raideur dans les jambes.
Pour réparer les tissus abîmés, votre organisme déclenche une réponse inflammatoire, produit un excès de radicaux libres et les biomarqueurs de dommages musculaires atteignent leur pic. C'est l'ensemble de ces réactions physiologiques qui entraîne l’apparition des douleurs musculaires différées, les fameuses courbatures, au bout de 12 à 48 heures après la course.
Le syndrome post-marathon : qu’est-ce que c’est ?

Pour certains coureurs, l’après-épreuve ne se limite pas aux courbatures. Ils peuvent ressentir une fatigue mentale, une baisse de motivation, de l’anxiété ou encore un sentiment de vide. On parle alors de syndrome post-marathon ou de « blues post-marathon ».
Ce phénomène serait le résultat de plusieurs facteurs :
- une augmentation temporaire du cortisol, l’hormone du stress ;
- une chute des endorphines et de la dopamine, liées au plaisir et à la motivation ;
- une baisse soudaine d’adrénaline, accumulée tout au long de la course.
Certains décrivent une sensation de tristesse passagère ou de déprime liée au retour au calme après une longue période de préparation.
La bonne nouvelle, c’est que cette phase est transitoire et passe normalement avec du repos et de nouvelles perspectives et objectifs.
Quels risques si on néglige la récupération ?
Reprendre trop tôt vos séances de running, sans laisser à votre organisme le temps de se régénérer, est une grave erreur. Vous pouvez aggraver les douleurs et augmenter le risque de blessures : déchirures, fractures de fatigue ou tendinites.
En plus, votre système immunitaire pourrait s'affaiblir davantage. Sous-estimer cette phase ne compromet pas seulement votre santé, mais aussi vos performances futures. Au lieu de progresser, vous vous exposez au surentraînement, avec perte de motivation et fatigue persistante. D'où la nécessité de prévoir un plan de récupération bien ficelé.
Juste après l’arrivée : les premières heures cruciales
Bien boire pour réhydrater l’organisme
Une fois la ligne d’arrivée franchie, il faut boire dans les 30 minutes qui suivent. L’eau hydrate, mais elle ne compense pas les sels minéraux perdus par la transpiration. Privilégiez une eau riche en électrolytes ou l’eau de coco. Buvez par petites gorgées toutes les 10 à 20 min. Trop d’un coup, peut entraîner des troubles digestifs.
Recharger les réserves énergétiques (glucides + protéines)
Pour restaurer les stocks de glycogène et optimiser la réparation des muscles abîmés, glucides et protéines sont essentiels. Consommez, dans les 30 à 60 minutes après l’arrivée, une boisson de récupération pour sportifs ou une collation (barres, smoothies, fruits, yaourt, noix…). Enchaînez plus tard avec un repas complet type riz-poulet-légumes.
Étirements doux, marche lente et retour au calme
Ne vous allongez pas immédiatement. Marchez pendant environ 10 à 15 min pour stimuler la circulation sanguine. Respirez profondément et laissez votre corps revenir progressivement à un rythme normal. Deux heures plus tard, étirez en douceur quadriceps, mollets et ischio-jambiers pour les détendre sans les solliciter à nouveau.
Cryothérapie, douches froides : utiles ou pas ?
Le froid peut être un allié pour réduire inflammation et douleurs. Bains de glace, douches froides, cryothérapie entière ou localisée : vous avez plusieurs options. Les effets varient toutefois selon les individus et la durée/intensité de l’exposition. Après un marathon, le plus accessible, c'est le bain froid des jambes (10 à 12 min à 12 °C) ou des poches de glace localisées 10 à 15 min. La cryothérapie du corps entier est efficace, mais elle est proposée dans des centres spécialisés.
Récupération jour par jour : que faire la première semaine ?
Jours 1 à 3 : repos actif et soins
Les 72 premières heures sont cruciales. Votre priorité doit être un repos actif.
Bougez un peu pour éviter la raideur, mais évitez tout effort intense. Une marche de quelques minutes suffit. Pas d’aérobie ni de course à pied.
Essayez par ailleurs de dormir suffisamment en gardant des horaires réguliers autant que possible. Côté nutrition, privilégiez les aliments riches en antioxydants et en vitamine E (baies, fruits, noix, légumes verts...). Les oméga-3 des poissons gras (saumon, sardine, maquereau) aident aussi à limiter l’inflammation. Si vous pouvez, faites un massage léger pour soulager les parties endolories.
Jours 4 à 7 : reprise progressive des activités douces
Dès le 4e jour, vous pouvez introduire des activités à faible intensité : yoga, pilates, mobilité douce. Ces disciplines vous permettent de réactiver la circulation sanguine et de détendre vos articulations sans choc. Si vous avez mal, stoppez et reposez-vous encore.
Semaine 2 : retrouver la forme sans précipitation
Reprise de l'entraînement léger (footing, vélo, natation)
La deuxième semaine marque une transition allégée. Footings légers, vélo ou natation sont parfaits pour entretenir le cardio sans traumatiser les articulations. Alternez les activités pour éviter la monotonie.
Écoutez les signaux du corps : courbatures, motivation, fatigue
Si vos jambes sont toujours douloureuses ou que vous ne vous sentez pas d'attaque, ne forcez surtout pas. Chaque personne a son rythme : certains retrouvent vite la forme, d'autres ont besoin de plus de temps. Ne comparez pas. Si la fatigue est encore présente, mieux vaut attendre deux jours de plus que de risquer une blessure.
Intégrez des séances de mobilité, renforcement léger
Pour préparer le corps à la reprise des entraînements intensifs, commencez avec un renforcement musculaire progressif. Optez pour des exercices sans équipement : squats, fentes statiques, ponts fessiers. Ajoutez des mouvements de mobilité comme les rotations de hanches et les ouvertures thoraciques.
Soins et techniques complémentaires pour mieux récupérer
Massages et auto-massages
Un massage professionnel, 48 à 72 heures après la fin de l'épreuve, peut aider à relâcher les tensions profondes et relancer la circulation, à condition qu’il soit adapté et non trop appuyé. À défaut, vous pouvez utiliser un rouleau ou une balle de massage pour le faire vous-même.
Ostéopathie : que dit un spécialiste ?
Certains coureurs consultent un professionnel de l’ostéopathie après un marathon pour rééquilibrer leur posture et soulager les tensions. Les preuves scientifiques sur l’efficacité de cette pratique sont limitées. Elle pourrait aider à se sentir mieux, mais ne remplace pas un avis médical en cas de douleur.
Alimentation et compléments : focus magnésium, protéines, électrolytes

Vous avez besoin de protéines pour favoriser la reconstruction des fibres et du magnésium pour réduire la fatigue et prévenir les crampes. Si votre alimentation est équilibrée, les compléments ne sont pas indispensables. Sinon, les pastilles d’électrolytes sont pratiques pour compenser sodium, potassium et magnésium perdus par la sueur.
Bain chaud, sauna, électrostimulation... : à utiliser avec discernement
Le bain chaud et le sauna favorisent la détente et la relaxation, mais n’accélèrent pas directement la récupération musculaire. L’électrostimulation peut soulager certains sportifs, mais les preuves de son efficacité sont limitées. Utilisez ces méthodes en complément, pas comme une base.
Et après ? Reprendre l’entraînement et planifier sa prochaine course
Combien de temps attendre avant de recourir sérieusement ?
En règle générale, comptez 2 à 3 semaines avant de reprendre un entraînement structuré. Pour certains, retrouver la forme peut prendre jusqu’à 1 mois. Vous devez adapter ce délai à vos sensations et à votre état de santé.
Se fixer de nouveaux objectifs (semi, trail, marathon à venir)
Une fois la récupération acquise, fixez-vous un nouvel objectif : un semi-marathon, un trail ou le prochain marathon de Paris par exemple. Mais prenez le temps de consolider vos acquis et d’évaluer vos points à améliorer.
Bilan post-marathon : analyser, apprendre, progresser
Prenez un moment pour analyser le parcours depuis les préparatifs jusqu'au jour J : qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Cet exercice vous aidera à progresser et à aborder vos prochains marathons avec encore plus de sérénité.
FAQ – Vos questions sur la récupération après marathon
Quel est le temps de récupération après un marathon ?
Comptez 10 à 30 jours selon votre niveau, vos habitudes et vos sensations.
Que faire pour bien récupérer après un marathon ?
Vous devez prioriser le sommeil, une bonne alimentation, l’hydratation et une reprise progressive de l’activité physique.
Qu’est-ce que le syndrome post-marathon ?
C’est un état de fatigue physique et de baisse de moral que certains coureurs ressentent après la compétition. Il se manifeste par de la tristesse, un manque de motivation, des courbatures et une sensation de vide après avoir atteint un objectif.
Quels sont les conseils d’un ostéopathe pour récupérer efficacement ?
Un ostéopathe recommande souvent du repos, une mobilité douce et un suivi régulier pour prévenir les blessures après des entraînements intenses ou des compétitions.
Quand peut-on programmer une nouvelle compétition après un marathon ?
Attendez au minimum 6 à 8 semaines avant d’enchaîner avec une autre course exigeante, pour laisser le temps à votre organisme de se régénérer.
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