Les migraines sont l'une des affections neurologiques les plus courantes, affectant près d'une personne sur sept dans le monde. Celles-ci peuvent sérieusement altérer la qualité de vie. Or, de nombreux déclencheurs peuvent favoriser l’apparition ou l’intensité d’une crise migraineuse, dont l’un qui se trouve particulièrement négligé : la déshydratation.
Si vous avez déjà eu un mal de tête après un effort ou un oubli de boire, vous avez probablement expérimenté ce que l’on appelle un mal de tête de déshydratation. Ce phénomène est pourtant évitable, à condition de bien comprendre ses causes, symptômes, traitements et les solutions préventives.
Migraine et maux de tête liés à la déshydratation : quels symptômes ?
Qu'est-ce que l'on appelle maux de tête de déshydratation ?
La déshydratation correspond à un déficit en eau et en électrolytes (sodium, potassium, chlorure, magnésium) dans l’organisme. Ces éléments sont pourtant indispensables au bon fonctionnement du métabolisme, au transport des nutriments, à la thermorégulation, à la transmission nerveuse ainsi qu’à l’élimination des déchets.
L’eau représente environ 60 % du poids corporel d’un adulte. Bien évidemment ce pourcentage varie selon le sexe, l’âge et la masse musculaire de chacun. Lorsque l’apport hydrique est insuffisant, ou que les pertes (transpiration, diarrhées, vomissements, fièvre, respiration accélérée) ne sont pas compensées, le corps tire la sonnette d’alarme.
L’un des signaux envoyés est le mal de tête qui se manifeste souvent par une douleur localisée à l’avant du crâne ou sur l’ensemble de la tête. Cela s’accompagne d’une sensation de lourdeur, de fatigue, et parfois d’une hypersensibilité à la lumière (photophobie) ou au bruit (phonophobie). Ce type de céphalée est donc un symptôme d’alerte que le cerveau utilise pour signaler un déséquilibre hydrique.

Est-ce que la déshydratation peut provoquer des maux de tête ?
Dans tous les cas, il n’existe pas de lien unique et direct entre déshydratation et maux de tête, mais de nombreuses études montrent que la déshydratation aggrave des affections existantes. Elle joue notamment un rôle dans l’amplification des céphalées primaires comme les migraines ou les céphalées de tension, en perturbant l’équilibre des fluides intracrâniens.
Les experts reconnaissent que l’état d’hydratation influe sur la fréquence, l’intensité et la durée des migraines chez certaines personnes. Une étude récente (Arca & Halker Singh, 2021) suggère que l’hydratation améliore les symptômes chez des patients souffrant de maux de tête récurrents. Cependant, il est important de garder en tête que l'arrêt de la douleur ne se produit pas toujours immédiatement après avoir bu : il faut parfois plusieurs heures pour que l’organisme retrouve son équilibre hydrique.
Comment la déshydratation déclenche-t-elle des maux de tête ?
Lorsque l’organisme manque d’eau, le volume sanguin diminue (hypovolémie), réduisant ainsi l’afflux sanguin vers le cerveau. Ce phénomène peut entraîner une vasodilatation compensatrice, elle-même à l’origine d’une douleur pulsatile typique des migraines.
Par ailleurs, la déshydratation perturbe le transport des électrolytes qui participent à l’excitabilité neuronale. Résultat : une hyperexcitabilité cérébrale qui peut se déclencher plus facilement, ce qui va favoriser les crises migraineuses. Cela va être aggravé par la fatigue, la léthargie, et parfois des troubles digestifs associés à un manque d’eau lors de nausées, vomissements, qui vont renforcer la gêne.
Comment prévenir les maux de tête de déshydratation ?
Maintenir une bonne hydratation au quotidien
La prévention repose avant tout sur la régularité de la consommation d’eau. En effet, un adulte devrait boire en moyenne entre 1,6 L et 2 L d’eau par jour, en ajustant selon son activité physique, la température extérieure, ou encore son alimentation.
Au-delà de l’eau, les solutions contenant des électrolytes peuvent s’avérer utiles en cas de transpiration abondante, lors d’épisodes de fièvre, ou après une activité physique prolongée. Ces solutions facilitent l’hydratation corporelle grâce au mécanisme du co-transport sodium-glucose.
Reconnaître les signes d’alerte
Des signes simples peuvent alerter d’une déshydratation naissante : bouche sèche, fatigue soudaine, difficultés de concentration, urine foncée ou rare. Être attentif à ces signes permet d’intervenir avant que la douleur n’apparaisse.
Des astuces simples à adopter

En complément d’une bonne hydratation, certains gestes peuvent soulager ou limiter les maux de tête :
- Masser les tempes et le front, avec ou sans huile essentielle (menthe poivrée, lavande)
- S’isoler dans une pièce sombre, à l’abri des stimulations visuelles et sonores
- Boire une infusion comme la camomille ou le gingembre
- Tremper les pieds dans de l’eau chaude pour améliorer la circulation périphérique
- Réduire l’exposition aux écrans et baisser la luminosité ambiante
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Dormir suffisamment : le manque de sommeil est un facteur déclenchant bien connu des migraines
Ces approches ne remplacent pas un traitement médical en cas de migraine sévère, mais elles contribuent à limiter les épisodes ou à en atténuer les symptômes.
Quels traitements pour gérer une migraine ?
La migraine, une pathologie neurologique complexe
La migraine est une maladie à part entière. Elle se caractérise par des crises récurrentes associées à une douleur unilatérale, pulsatile, d’intensité modérée à sévère. Elle est souvent accompagnée de nausées, vomissements, photophobie et phonophobie.
Sur le plan physiologique, une crise migraineuse débute par une activation du nerf trijumeau, qui innerve le visage et les méninges. Cette activation entraîne la libération de neurotransmetteurs inflammatoires (comme la CGRP), provoquant une dilatation des artères méningées et une inflammation locale douloureuse.
Quand consulter un professionnel de santé ?
Il est impératif de consulter un médecin si :
- Vos crises deviennent plus fréquentes ou plus intenses,
- La douleur résiste aux traitements habituels,
- Vous présentez des symptômes inhabituels : fièvre, raideur de la nuque, troubles visuels persistants, confusion, vomissements incoercibles.
Un bilan médical permettra de rechercher des causes secondaires (sinusite, troubles dentaires, hypertension, troubles hormonaux, etc.) ou des facteurs aggravants comme une déshydratation chronique.
En résumé : migraine, maux de tête et déshydratation
Élément |
À retenir |
Symptômes |
Douleur pulsatile, fatigue, urine foncée, bouche sèche, nausées |
Causes fréquentes |
Manque d’eau, effort physique, chaleur, fièvre, vomissements |
Effets physiopathologiques |
Baisse du volume sanguin, vasodilatation, excitation neuronale |
Solutions |
Eau, boissons électrolytiques, infusions, repos sensoriel |
Prévention |
Hydratation régulière, gestion du sommeil, identification des déclencheurs |
La déshydratation, bien qu’elle soit une cause souvent sous-estimée, joue un rôle essentiel dans l’apparition ou l’aggravation des migraines et céphalées. En adoptant de bons réflexes d’hydratation, de prévention sensorielle et de gestion du sommeil, il est possible de réduire la fréquence et l’intensité des crises.
Les solutions naturelles et les traitements médicamenteux peuvent soulager temporairement, mais une approche incluant l’identification des causes sous-jacentes, notamment l’hydratation reste indispensable. Si vous avez le moindre doute, nous vous recommandons de consulter un professionnel de santé pour bénéficier d’un diagnostic complet et d’une prise en charge personnalisée.
Bibliographie
Arca, K.N., & Halker Singh, R.B. (2021). Dehydration and Headache. Current Pain and Headache Reports, 25, 56. https://doi.org/10.1007/s11916-021-00966-z
International Headache Society – Critères ICHD-3 : Diagnostic des céphalées primaires.
Spigt, M. et al. (2012). Increased water intake reduces headache symptoms. Family Practice, 29(4), 370–375.
Mayo Clinic. (2023). Dehydration Headache: Symptoms, Causes, and Relief.