Tout savoir sur les fausses routes : L'hydratation et la dysphagie chez l'adulte
"Fausses routes" : Les causes et symptômes des fausses routes et comment réagir en cas de fausses routes ?
Les fausses routes sont des obstructions des voies aériennes par un corps étranger. C’est un accident de la vie responsable d’environ 4 000 décès par an et c’est pour cette raison qu’il est nécessaire de connaître les gestes de premier secours pour y faire face.
Elle peut concerner n’importe qui, mais il existe aussi des populations particulièrement à risque, comme les personnes âgées qui sont particulièrement sensibles à cette problématique dû à certains changements et dérèglements physiologiques.
Quelles sont les causes des fausses routes ?
Pour comprendre la survenue des fausses routes il faut d’abord s’intéresser à l’anatomie des voies aéro-digestives.
Le pharynx (ou carrefour aéro-digestif) se trouve au croisement des deux routes : celle que prend l’air que l'on respire et celle que prennent les substances que nous avalons.
· L’air inspiré passe par la trachée, située dans la partie antérieure du corps, jusqu’aux poumons.
· Les aliments, boissons passent par l’œsophage qui est un tuyau arrière de la trachée, les menant directement à l’estomac.
Lorsque que l’on mâche et que l’on avale, la langue amène les aliments mâchés jusqu’au pharynx. L’arrivée des aliments au fond de la gorge provoque le réflexe de déglutition : il consiste à faire rentrer le bol alimentaire dans l’œsophage tout en fermant les voies respiratoires pour les protéger.
La fausse route est l’obstruction des voies aériennes par un corps étranger lorsque le mécanisme de déglutition est mal exécuté.
A tout âge on peut faire une fausse route en mangeant, buvant ou parlant quand, par accident, un petit volume de nourriture, eau ou salive passe dans la trachée. Lorsque cela arrive, le premier réflexe du corps est de tousser afin de ré-expulser les substances avalées dans le pharynx. Puis une nouvelle déglutition les ramène dans la bonne voie : celle de l’œsophage, les poumons sont ainsi protégés.
Chez le sujet âgé, les fausses routes peuvent résulter de différents facteurs comme des troubles de la déglutition appelés "dysphagie" dans le jargon médical. Ce sont des problèmes physiologiques apparaissant avec le temps.
Quels sont les symptômes et les risques d'une fausse route ?
Les fausses routes peuvent avoir deux conséquences :
Tout d’abord, une obstruction partielle des voies aériennes : c’est la situation dans laquelle le sujet peut encore parler, respirer et tousser. Aucune aide extérieure n’est nécessaire pour la résoudre, la toux est suffisante.
Ensuite, on a le cas le plus grave qui est l’obstruction totale. Dans ce cas-là le sujet ne peut ni parler, ni respirer. Une intervention est nécessaire d’urgence car l’asphyxie peut survenir rapidement.
Pour faire la différence entre une fausse route partielle ou totale, il faut voir si la personne parle ou pas, si elle ne parle pas il faut agir vite. En général, dans le cas d’obstruction totale, les personnes ont le réflexe de montrer leur gorge pour signifier que quelque chose l’obstrue. On comprend alors qu’ils s’étouffent.
Les fausses routes ont 3 conséquences principales :
· L’étouffement, l’asphyxie : pouvant mener à un arrêt cardio-respiratoire.
· Les infections pulmonaires : si un corps étranger arrive jusqu’aux bronches il est possible que des bactéries ou des microorganismes, véhiculés par le corps étranger, s’installent et infectent les tissus pulmonaires.
· Dénutrition : chez la personne âgée, cette peur des fausses routes peut mener à une diminution voire à un arrêt de l’alimentation dont la dénutrition est l’une des principales conséquences.
Comment réagir en cas de fausse route ?
En cas d’obstruction partielle : il faut demander à la personne de tousser le plus fort possible la bouche ouverte et de bien respirer par le nez afin qu’elle se dégage elle-même les voies aériennes.
ATTENTION :
· Ne pas donner de claque dans le dos cas les vibrations produites pourraient faire bouger la chose ingérée dans le mauvais sens et provoquer une obstruction totale.
· Ne pas calmer la toux en donnant un liquide qui risquerait d’aggraver la fausse route.
En cas d’obstruction totale, les gestes de premier secours sont :
Taper dans le dos :
· Se placer à côté de la personne, basculer le thorax vers l’avant pour mobiliser le corps étranger.
· Avec le plat de la main on tape vigoureusement d’un coup sec entre les deux omoplates : on peut répéter cela jusqu’à 5 fois.
· Si au bout de la 5ème fois le corps étranger n’est pas sorti on passe à la manœuvre d’Heimlich.
Méthode de compression abdominale : manœuvre de Heimlich :
· On se met derrière la personne et on place nos mains au niveau de la xiphoïde (à l’endroit indiqué sur l’image de droite).
· On serre le poing et on met la 2ème main par-dessus.
· Le mouvement à réaliser est un mouvement vers l’intérieur et vers le haut afin de faire pression sur le diaphragme et évacuer le corps étranger.
· Ce mouvement est à réaliser jusqu’à 5 fois maximum. Il permet l’évacuation du corps étranger dans 80% des cas.
Si cela n’a pas fonctionné, on alterne les 2 méthodes de claque dans le dos et de compression abdominale par série de 5 jusqu’à l’évacuation du corps étranger.
Si cela arrive chez un enfant, il existe des techniques adaptées au gabarit de l’enfant.
Dans le cas où la personne n’est pas consciente et qu’elle ne respire plus, il faut vérifier le pouls et appeler directement les secours, il est possible de faire la manœuvre de Heimlich sur le sol ou si la personne est assise puis passer au massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours.
Quelle surveillance et quel traitement après une fausse route ?
Dans le cas d’une obstruction totale, il est conseillé d’appeler le SAMU (numéro 15) quand elle est constatée et même si le corps étranger est dégagé à l’arrivée des secours, un examen est recommandé surtout pour les sujets les plus fragiles (enfants, personnes âgées).
Dans le cas d’une obstruction partielle des voies respiratoires :
Dans la plupart des cas chez le sujet jeune, aucune surveillance particulière n’est nécessaire.
Chez les sujets âgés on regarde la fréquence de survenue des fausses routes pour adapter la prise en charge et réduire leur survenue. Souvent le médecin préconise de changer la texture de l’alimentation. On a le choix entre 4 textures : entier, haché, mouliné, mixé. On peut aboutir à une l’alimentation à la seringue ou même à une alimentation parentérale sur les sujets ne pouvant plus s’alimenter normalement par voie orale.
Pourquoi l’eau gazeuse peut-elle aider à éviter les fausses routes ?
Dans les EHPAD on constate que beaucoup de personnes âgées ne consomment que de l’eau gazeuse pour éviter les fausses routes. On peut aussi utiliser de l’eau gélifiée pour les troubles de la déglutition plus importants. En effet, utiliser des boissons gazéifiées ou gélifiées stimule l’épiglotte. Cette dernière participe au réflexe de déglutition, sa stimulation permet donc d’éviter les fausses routes. Pour davantage de sécurité, on combine parfois même ces boissons à l’utilisation de pailles, permettant une coordination des mouvements qui diminue le risque de fausse route.
Quels sont les points à retenir ?
· La fausse route est un accident fréquent de la vie quotidienne, mais ses complications peuvent vite être graves
· Il est essentiel de savoir différencier l’obstruction partielle de l’obstruction totale car la prise en charge n’est pas la même en fonction du type d’obstruction. Les gestes de premier secours et les réflexes à avoir doivent aussi être bien maitrisés.
· Attention aux populations à risque (enfants et personnes âgées) pour lesquelles des surveillances adaptées sont nécessaires.
· En cas de fausses routes trop fréquentes chez les personnes âgées, une adaptation de l’alimentation et des boissons peut être envisagée.